Il n'y fait pas si froid...
Ice haven est un chef d'œuvre, oubliez Black Hole... oui oubliez.
Daniel Clowes signe ici son œuvre la plus aboutie. En restant toujours fidèle à sa syntaxe et sa dramaturgie singulière, Ice Haven ne s'échoue pas vers les écueils habituels de son auteur. Sans être aussi pathétique que Ghost World, glauque que Comme un gant de velours ou frustré que Caricature (et dans une moindre mesure Eightballs), Ice Haven introduit une sorte de malaise générale tout au long du récit via les différents protagonistes, mais toujours en filigranes. Clowes ne nous tient pas par la main mais nous livre néanmoins un vrais récit sur fond de fait divers, où l'on peut suivre les agissements des personnages directement ou indirectement concerné, intéressé ou non. Le drame de l'existence, sujet chère à Clowes se travestit discrètement dans les gestes du quotidien, les petits détails (la culotte sur le lit ou l'odeur d'asperge). Les figures mythologiques des personnages sont dénaturées, iconoclastes, incestueuses parfois mais jamais pathétiques et finalement... très humaine.
A cela vient se rajouter le traits toujours aussi efficace de Clowes, simple, précis. Les formes closes et géométriques mais aérées apporte au récit ce caractère stricte mais évasif.