Un crossover entre l'équipe des Astonishing x-men de Whedon et les New Avengers de Bendis, supervisé par ce dernier et dessiné par Coipel. Bref: House of M.
Graphiquement, le dessinateur français nous livre un travail impeccable. Ce n'est pas exactement mon style mais je trouve l'ensemble très joli, loin des events bâclés où les épisodes sont répartis au petit bonheur la chance à 4 dessinateurs différents.
Au scénario, Bendis livre ce qui me paraît être son meilleur event sur la période 2004-2012 (j'attends Civil War II, il pourrait me surprendre). Il reprend la situation sur la sorcière rouge la où il l'avait laissé dans son Disassembled, c'est à dire à entre les mains de Magneto à Genosha. Le début pose une question simple: doit-on achever cette folle ou non?
Le commando envoyé pour régler la question arrive trop tard, et le monde Marvel bascule dans la réalité House of M. Personnellement, j'adore la famille de Magnéto, j'adore Wanda quand elle est saine d'esprit, sa relation fusionnelle avec son jumeau, j'adore Lorna, j'apprécie ce trio familial regroupé autour d'un père inattentif et tyrannique. Alors un event entier qui leur est consacré, je me suis clairement bien amusé.
Par ailleurs, ce nouveau monde Marvel décrit par Bendis se montre intéressant. En renversant la hiérarchie entre mutants et humains - ici rebaptisé sapiens - le scénariste touche un sujet cher à la franchise x-men. Quel image de lui à l'oppresseur? Comment l'oppressé subit ce joug sociétal qui s'exprime à tous les niveaux? Au travers des différentes scènes, et particulièrement à travers les yeux de Logan, on découvre ce monde et les injustices qu'il implique. Voir une sentinelle traquer des humains, un Hank Pym interdit de poursuivre ses recherches génétiques ou un Hell's Kitchen quartier pauvre et ghetto sapiens, c'est saisissant et surprenant.
L'autre point fort de Bendis reste ses dialogues. Ce n'est pas un crossover de combats, le scénariste prendra son temps pour l’exposition et chaque action de nos amis en collants se trouve précédée de longs débats. Franchement, je préfère cette lenteur au déclenchement expéditif de la guerre dans le Civil War de Millar. Ici, les héros se posent les bonnes questions. "La bombe a déjà explosé" diront-ils, ont-ils alors le droit de s'opposer à cette nouvelle réalité. Sans être du Shakespeare, je trouve que Bendis rédige les dialogues en question en chef d'orchestre compétent.
Le dernier quart d'House of M manque de réussite néanmoins. A partir du moment où la bataille finale commence, on retrouve une mêlée de costumes moulants et la lecture perd en intérêt. Heureusement, Bendis avait gardé des surprises pour combler des lacunes d'écriture, dont la révélation sur le véritable responsable ou le retour d'Hawkeye. Mais sa grande idée, dictée peut-être par des éditeurs avides de conséquences à exploiter, c'est la réaction finale de Wanda devant la fureur de son père. Son raisonnement paraît logique, aussi logique que son esprit dérangé le permet, et en trois petits mots, l'histoire de la mutanité s'en trouve bouleversé pour des années.
Alors non House of M n'est pas un classique, il n'apporte rien d'incontournable au monde des comics, ce n'est pas exceptionnel ni ionnant. Mais graphiquement réussi, porté par un rythme lent et une narration réfléchie, l'histoire se montre agréable, au-delà des conséquences pour lesquels cet event a acquis sa renommée.