Des trois œuvres de Masasuki Kakizaki qu’il m’ait été donné de critiquer, je crois que pas une seule n’ait déé les deux sur dix. J’ignore si cela en dit long, mais je crains bien que ça en dise quelque chose.
De Green Blood, je l’ai abhorré en divers exemplaires, et d’ailleurs pas toujours pour les mêmes raisons. Il a su se rendre indésirable à mon regard de lecteur à plusieurs titres afin de diversifier les motifs d’indifférence ou de haine suscités à son égard.
Il aura en tout cas cette fois eu la décence de ne pas étendre son séjour dans prunelles en se limitant à un tome seulement. Déjà, j’éprouve une forme de reconnaissance à son égard.
Le début de son histoire sait attirer l’attention, avec cette paire d’yeux exorbités que l’on aperçoit dans l’ombre. N’ignorant rien de l’effet horrifique que ceux-ci prodigueraient sur le lecteur, l’auteur aura eu la bêtise de les exposer jusqu’à la première de couverture ; nous privant au moins de la surprise de leur apparition. Faut savoir faire naître le désir pour susciter la peur et ne surtout pas tout déballer d’emblée.
Qui plus outre – je sais que c’est une infraction flagrante à la syntaxe la plus élémentaire, mais cette formule me fait rire – les dessins me plaisent. Bien que je les considérais travaillés dans ses œuvres antérieures, ils ne me suggéraient trop rien et n’exprimaient aucun sentiment en particulier bien qu’ils furent suffisamment élaborés pour être objectivement de bons dessins. Ici, la froideur et le réalisme ne surgit que mieux des personnages et des plans qu’on nous présente. Rien qui ne soit franchement mémorable toutefois ; ce qui n’empêche pas d’agrémenter judicieusement notre parcours de lecture.
Les tons abordés sont pour une fois assez matures ; du moins à l’entame de l’œuvre. L’inspiration le calvaire d’Innsmouth. Avec un volet intimiste relativement au é tragique des personnages venu faire le lit de la folie de monsieur. Folie qui viendra poindre bien prestement dans le récit par ailleurs ; mais en un tome de temps, il faut parfois appuyer sur l’accélérateur, aussi l’incurie lui sera-t-elle pardonnée. D’autant que cela sera justifié par son é.
La narration oscillera intelligemment entre é et présent afin de savoir nous présenter un personnage principal plutôt nuancé et correctement construit. L’auteur ne nous avait pas habitué à un tel travail d’écriture auparavant, cédant plus généralement à la caricature grossière ou la facilité outrecuidante. Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
L’histoire est complète dans son intitulé, la boucle se boucle correctement, bien qu’elle nous nous étreint pas au cœur ou ailleurs. Difficile d’instiller l’horreur une fois que tout le mystère se trouve déballé dans les grandes largeurs. Toutefois, le mélange habile du é de Seiichi et de ses épreuves, justifie amplement qu’il agisse comme il le fera une fois plongé dans ce contexte horrifique en particulier. De Hideout, on ne peut guère trouver matière à en dire qu’il est mauvais, il trouvera même le mérite d’être mémorable en quelques aspects définis. L’œuvre n’a cependant pas assez de corps pour nous prendre aux tripes et ce, en dépit d’une scénographie travaillée et d’un scénario qui, s’il tient sur une feuille A4 en gros caractères, a su se délimiter à ses justes attributions pour ne pas s’égarer.
Comme quoi, circonscrire son œuvre en un volume, c’est encore le meilleur moyen de ne pas dériver en sachant exactement vers où l’on se dirige.