Une BD pas facile à critiquer, parce qu'elle ne se raconte pas, elle se vit. Mais attention, on est sur quelque chose d'assez clivant: on adhère ou on fuit ! C’est loufoque, bordélique, enivrant. Ça part dans tous les sens, et c’est ce qui fait sa force, ou l'inverse, selon de quel côté on se place.
L’histoire est adaptée d’un roman de William Kotwinkle, un écrivain touche-à-tout qui a fait de la SF, des policiers, des œuvres jeunesse. Ici, c'est la fine équipe des R.I.P. qui est aux manettes avec Gaët's au scénario, et Julien Monnier au dessin. Et dès les premières pages, on reconnaît son trait. Fan Man ressemble vraiment au premier héros des R.I.P., Derrick, ce bon vieux cassos. En tout cas, j’adore son style semi-réaliste très reconnaissable et c'est un plaisir de retrouver sa patte graphique ici.
Côté sensations, ça m'a rapidement fait penser à La Conjuration d’un imbécile. Le personnage principal a un truc d’Ignatius J. Reilly : il part dans ses élucubrations, se perd dedans, et embarque tout le monde avec lui. Impossible de savoir où ça va, et c’est ce qui est génial. Ça m’a aussi fait penser à After Hours de Scorsese, ce film où un mec e une nuit à enchaîner des situations what the fuck qui lui échappent complètement. Fan Man, c’est un peu ce même délire : un type qui dérive dans un chaos total, mais avec une logique qui lui est propre.
Il faut être dans une certaine disposition pour apprécier cette lecture. Moi, c’était parfait. J’ai plongé dedans direct, et je me suis laissé emporter. J’aurais même aimé que ça dure plus longtemps, ça aurait été un plaisir de vadrouiller encore avec ce personnage loufoque et haut en couleur. Franchement, c’est une BD unique, à découvrir. Mais ne m'en voulez pas si vous tentez et n'aimez pas, je vous aurai prévenu !