"Fable de Venise" : une BD de Hugo Pratt n'aura jamais si bien porté son nom. C'est tout l'art de raconter une histoire, sublimée par les contes ésotériques qui ensorcellent Corto Maltese le temps de ce voyage. Mais fable aussi d'une histoire qui finit malicieusement par une pirouette... Le lecteur comprendra à la dernière planche... De salut ?
Mais fable à demi. L'avant-propos, intitulé "Une grand-mère vénitienne", est une autobiographie de l'enfance, condensée en quelques pages, d'Hugo Pratt. Étrange façon d'introduire une fable que de révéler les sources de l'imagination, c'est-à-dire, en quelque sorte, la meilleure manière de rendre réel l'imaginaire, de lui donner credit.
Par ce truchement - je préfère parler d'honnêteté -, Hugo Pratt permet la connivence, indispensable au lecteur pour croire. L'imaginaire fait le reste. J'aimerais déambuler dans ce monde fourbu d'intrigues, mais toujours élégant. Ici l'atmosphère de Venise n'en rend que plus sensorielle et mystérieuse l'histoire.
Plaisir aussi de l'érudition jamais étouffante des références : le baron Corvo est un clin d'œil à ces aventuriers réels qui ont peuplé l'ancien monde ; l'histoire de Venise que l'on revisite pour y retrouver les traces de ces indices du é que l'on n'aurait pas remarqué par ignorance ; les références historiques et les connaissances ésotériques...
Une BD merveilleuse, mystérieuse, qui donne l'envie de voyager et d'être mêlé à quelques mauvaises histoires de sorcier, de groupes secrets, de cartomancie. Ah, les contes et légendes...