Critique concernant les tomes 1 et 2.
En pleine guerre froide, Adam Abrams est un orphelin très doué sous tutelle ( pour ne pas dire endoctriné ) du régime communiste. Il est sélectionné pour une mission particulière : partir aux confins de l'espace pendant un voyage spatial de près de 50 ans afin de montrer la supériorité de l'U.R.S.S.
2015 : une capsule soviétique s'écrase en Australie; à l'intérieur, Adam, doté de pouvoirs divins attire nombre de curieux tout en inquiétant les grandes puissances qui vont envoyer leur meilleure équipe enquêter sur la potentielle menace.
A partir de ce pitch, on aurait pu imaginer un récit assez linéaire alternant grosses révélations et bastons mais Matt Kindt opte pour une approche un peu plus intimiste en explorant la psychologie et le é du personnage principal. Le scénariste insère de nombreux flashback ( le temps étant une notion fondamentale dans le récit) et l'étendue des pouvoirs d'Adam rend l'affrontement contre Unity plus psychologique que physique.
Cette approche pour une série super-héroique mainstream m'a surpris dans le bon sens du terme, mais l'intervention de l'univers étendue de Valiant dès le 1er arc pourra perturber ce qui ne connaissent pas les membres d'Unity qui sont des personnages d'autres séries.
En effet, Divinity faisait partie de la vague "Next" de Valiant Comics (2015) qui lançait 3 nouvelles séries. Si les 2 autres ( Britannia et Savage) accueillaient à bras ouverts les nouveaux lecteurs en ne se connectant pas immédiatement à l'univers étendu, Divinity implique dès le début les persos de Valiant tout en annonçant au fil de ses chapitres une sorte de futur cross-over. Rien qui ne gêne la compréhension globale, mais certains pourrait être frustrés de ne pas connaître tous les protagonistes.
Sans trop spoiler, le tome 2 reprend le même schéma narratif que le 1er arc mais avec un autre personnage; et là le lecteur commence à comprendre le plan d'ensemble de Kindt et où la série veut en venir. Cet arc s'avère d'ailleurs plus prenant que le 1er grâce à un rythme plus dense et un affrontement final très joliment mis en scène. Le "défaut" de la série, à mon sens, réside dans la résolution des conflits parfois un peu facile.
On pourra regretter le format choisi par Valiant ( 4 chapitres par arc, un arc sortant au minimum 6 mois après le précédent ) qui oblige Kindt de condenser son récit alors que parfois on voudrait en savoir plus. Au moment où cette critique est rédigée, un troisième arc reste à paraître en fin 2017; une suite directe nommée "Eternity" a été annoncée aux USA et le personnage a eu droit à une apparition remarquée dans Imperium ( une autre série de la firme).
L'aspect graphique est vraiment un coup de cœur pour ma part. Trevor Hairshine possède un trait très "brut" qui confère une belle énergie à l'ensemble tandis que la colorisation est impeccable. La composition des planche est très claire alors que les concepts de la série aurait pu rendre le tout confus dans les mains d'un artiste moins talentueux.
Divinity s'avère donc être une série de super-héros qui sort un peu des canons habituels; le traitement d'un individu possédant des pouvoirs a priori sans limites est souvent casse-gueule mais l'approche de Matt Kindt est intéressante à plus d'un titre.