System Failure
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le 26 nov. 2017
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Dans Bug, tome 1, Enki Bilal nous plonge dans un futur dystopique où une mystérieuse panne globale efface toutes les données numériques. Un concept intrigant et terriblement actuel, sauf que cette fois, l’humanité se retrouve dépendante d’un seul homme : Kameron Obb, dont le cerveau est devenu l’unique sauvegarde du savoir numérique mondial. Le hic ? L’exécution narrative semble avoir subi, elle aussi, un petit bug.
Le point de départ est prometteur : une catastrophe numérique à l’échelle mondiale, un héros malgré lui, et une société au bord du chaos. Bilal excelle à créer une atmosphère pesante et oppressante, où le désespoir numérique se mêle à l’instinct de survie. Visuellement, c’est du Bilal pur jus : des teintes sombres et métalliques, des personnages aux traits marqués et expressifs, et une esthétique qui oscille entre le futuriste et l’organique.
Mais là où le visuel impressionne, la narration titube. Kameron Obb, ce "sauveur" malgré lui, est au centre d’un récit qui multiplie les pistes sans en développer réellement aucune. Les enjeux sont là, mais les personnages secondaires peinent à exister, et l’histoire s’éparpille dans une série de scènes qui ne trouvent pas toujours leur raison d’être. On attend des révélations, des explications, mais ce premier tome s’arrête au stade de l’exposition, laissant une sensation de frustration.
L’une des forces de Bilal a toujours été sa capacité à tisser des récits politiques et philosophiques à travers ses histoires. Ici, les thématiques sont bien présentes – la dépendance au numérique, la mémoire collective, la déshumanisation – mais elles restent en surface, noyées dans un rythme trop lent et un ton parfois trop prétentieux.
Le principal défaut de Bug réside dans son écriture, qui manque de clarté et d’impact. Les dialogues, souvent cryptiques, ralentissent le rythme et rendent difficile l’attachement aux personnages. Même Kameron, malgré son rôle central, peine à convaincre en tant que héros. Son humanité, pourtant au cœur du propos, semble en veille, comme si lui aussi avait besoin d’une mise à jour.
Cela dit, l’œuvre n’est pas dénuée de qualités. L’univers visuel est fascinant, et certaines scènes frappent par leur puissance graphique. Les amateurs de Bilal retrouveront avec plaisir son style unique et son goût pour les ambiances mélancoliques. Mais pour les néophytes ou ceux qui cherchent une histoire plus engageante, ce premier tome risque de dérouter.
En résumé, Bug, tome 1 est une œuvre ambitieuse mais inégale, qui séduit par son esthétique mais laisse sur sa faim par son récit. Enki Bilal pose des bases intéressantes, mais ce premier volet manque d’équilibre et d’intensité pour pleinement convaincre. Un futur où tout bugge, y compris la narration.
Créée
le 14 janv. 2025
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