Critique de Shaynning

**Je déplore ce énième manga dont le titre est laissé en anglais pour la version française. Le titre original est "Kaoru Hana wa Rin to Saku" est est traduisible par "La fleur parfumée fleurit avec dignité", ce qui est quand même beaucoup plus poétique que "Bloom" (Fleurir en anglais). Et j'adore la présence du mot "dignité" , qui est formidablement absent des relations amoureuses dans la fiction, ces temps-ci.

Dans le monde de la romance, les auteurs et autrices semblent aimer faire dans les oppositions extrêmes, mais d'ordinaire, ça finit avec le bon gros vendeur malsain de la première de classe incurablement maladroite avec le joli salaud de service à tendances violentes. Ici, on fait ça autrement et c'est tant mieux car on propose quelque chose de beaucoup plus sain. Et ça fait du bien.

Rintarô Tsumugi est une grande perche aux cheveux décolorés. Pour les profanes, sachez que les japonais ont encore cette tendance à associer les cheveux colorés aux énergumènes et aux rebelles, ce qui explique que dans la plupart des mangas, on a tendance à se méfier des personnages aux cheveux roux, blonds ou d'autres couleurs que le noir et le brun. Sa taille impressionne également. Toute sorte de rumeurs circulent à son sujet, en faisant une canaille avide de batailles, ce qui contraste avec le fait qu'il est en réalité un "gros nounours", un jeune homme sensible, gentil, empathique et timide. Rintarô travaille dans la pâtisserie de sa famille et c'est ainsi qu'il rencontre Kaoruko Waguri, une jeune femme de petite taille aux longs cheveux qui n'est pas le demoiselle de bonne famille que bon nombre de gens se permettent de croire. Boursière et travaillante, grande adoratrice de gâteaux, Kaoruko est scolarisée dans une école d'élite, ironiquement située aux abords de l'école de Rintarô, dont la réputation est tout l'inverse de la sienne. Les deux ados semblent avoir des personnalités compatibles, en dépit du fait que de part et d'autre subsistent certains préjugés. Et quand leurs amis respectifs s'en mêlent, ça ne peut que devenir encore plus pétillant.

Attention, il y aura quelques petits divulgâchis à partir d'ici.

Comme je les trouve intéressants ces deux ados. Certes, on ne réinvente pas la roue, on reste dans le cliché des deux opposés qui se rencontrent en dépit de leur mondes en apparence incompatibles. Reste que, comme je l'évoquais plus haut, la tendance générale est aux relations toxiques banalisées de façon complaisantes, sexifiant des aspects relationnels qui ne devraient pas l'être, comme la domination, la jalousie, la manipulation ou pire encore, les formes de violences. Ici, on sort de ce canevas empoisonné, on entre dans un patron où on cherche à se tricoter une relation basée sur la confiance, le respect, l'entraide, le plaisir partagé et la complicité. Il leur faut d'abord se défaire de certains préjugés et de biais cognitifs inconscients, mais les tentatives sont bel et bien présentes, dès le tome 1. Les gentilles filles sont légions dans l'univers manga, mais les bons gars beaucoup moins. De "vrais" bon gars , j'entends, pas ces imbéciles qui plaquent des filles sur les murs et qui embrassent sans permission. Ça fait plaisir à voir, surtout que j'observe des bons gars dans la sphère sociale de Rintarô aussi.

Comme on peut s'en douter, Kaoruko a une bonne influence sur Rintarô, qui devient plus confiant en lui-même. C'est spécialement le cas quand elle se propose pour l'aider avec ses préparatifs aux examens. Ça me rappel un peu pourquoi les systèmes scolaires à plusieurs vitesse peuvent devenir des freins à la réussite scolaire, en ce sens où si tous les jeunes avec de défis se retrouvent groupés, c'est plus difficile alors d'avoir des élèves plus habiles avec les matières pour servir de modèles et apporter leur aide. Mais je ne vais pas relancer ce débat ici. Je dis juste que ça ne m'étonne pas qu'avec le de sa nouvelle amie Rintarô se sente plus confiant et investis.

Bref, c'est un manga doux et agréablement sain dans le monde de la romance et des amitiés, que je vais sans doute suivre de près.

Pour un lectorat adolescent à partir du 1er cycle secondaire, 12-15 ans+