Imagine un monde où l’idée de donner une éducation aux femmes noires est plus terrifiante pour certains que de croiser un ours enragé dans la forêt. Bienvenue dans l’Amérique du XIXe siècle, où le progrès se fait souvent à coups de cris, de menaces et de "Mais c’est contraire à l’ordre naturel des choses !".
Blanc autour nous raconte l’histoire, malheureusement bien réelle, d’une école pour jeunes filles noires dans un monde où l’émancipation fait grincer bien des dents (spoiler : les méchants ici, ce ne sont pas des trolls sur Twitter mais des vrais gens en chair et en préjugés). Lupano et Fert ne prennent pas de pincettes : c’est beau, c’est fort, et ça te met une petite claque de réalité historique en pleine figure.
Graphiquement, c’est un enchantement. Stéphane Fert a un trait vibrant et expressif qui donne une puissance folle aux regards, aux non-dits et aux tensions latentes. Chaque planche est une fresque où les émotions explosent. Niveau narration, Lupano maîtrise l’art de rendre une histoire à la fois poignante et accessible, sans jamais sombrer dans le prêchi-prêcha.
Alors oui, on pourrait dire que certains personnages sont un peu archétypaux, que l’intrigue suit un chemin assez classique du récit d’émancipation. Mais franchement, quand une BD est aussi bien ficelée et sert une cause aussi essentielle, on ne va pas lui reprocher de ne pas réinventer la roue.
En bref, Blanc autour est un superbe coup de projecteur sur une époque pas si lointaine où le simple fait d’apprendre pouvait être un acte de résistance. Un album à mettre entre toutes les mains… même celles de ceux qui ont du mal avec l’idée du progrès.