Dans le tome 2 de "Sapiens" (la BD), Yuval Noah Harari nous racontait la sédentarisation de l'Homme et la naissance de l'agriculture, au néolithique, il y a environ 12 000 ans. Les chasseurs-cueilleurs laissaient peu à peu la place aux bâtisseurs de cités. L'auteur nous expliquait que cette révolution s'était notamment accompagnée de la création des mythes et de l'ordre social.
Il est malgré tout difficile de s'imaginer la vie intime des humains de cette époque. Dans "Aux soirs de grande ardeur", Nicolas Puzenat relève le défi et réalise une œuvre de fiction se déroulant dans cette période de la préhistoire.
Nous suivons les pensées et les relations sociales d'un groupe d'habitants d'une cité, avec, entre autres, le Rham (maître de la cité) et sa cour (notamment le Juge-Mage et la Grande Prêtresse), Kaal (le cuisinier du Rham) et Manakor (sa servante secrètement amoureuse) et Ferline (la nomade dont Kaal est amoureux).
En ce qui concerne les mythes, qui ne pouvaient qu'être incontournables à cette époque, ils prennent la forme des "chuchoteurs", des ancêtres morts qui parlent aux personnages et influencent leurs pensées et leurs actions.
La vie de cette ville du Sud-Est de l'Europe semble stable jusqu'à ce que des feux de forêt apparaissent à l'horizon.
Comme dans "Mégafauna", du même auteur, le lecteur est confronté à un mélange d'étrangeté extrême (tout est différent de ce que l'on connait) et de proximité, puisque les relations humaines sont finalement similaires à celles du monde d'aujourd'hui, et déjà tout aussi complexes. Le caractère dramatique des évènements est contre-balancé par le comique des situations et par l'empathie de l'auteur pour ses personnages.