Il fait partie de ces mangas que j’avais découvert au plus haut de ça hype, avec son adaptation en film. Un format court, un concept de boucle temporelle, un dessin léché signé Obata, et un petit goût de science-fiction militaire à la japonaise... Bref, tout pour m’attirer. Et je dois dire que All You Need Is Kill a plutôt bien rempli son contrat.
C’est efficace, bien foutu, rythmé comme il faut. L’histoire ne perd pas de temps à installer ses enjeux.
Un jeune soldat condamné à revivre encore et encore le même jour de guerre contre une menace extraterrestre, jusqu’à apprendre à survivre. Et ça fonctionne. C’est fluide, c’est tendu, et la montée en puissance du personnage principal se fait sans accroc. L’idée est bonne, elle est bien exploitée.
On n’en demande pas forcément plus.
Mais en refermant l’intégrale, j’ai senti un truc étrange. Comme si j’étais é à côté de quelque chose… ou plutôt, comme si le manga lui-même avait survolé son propre potentiel. Parce que derrière cette boucle temporelle, ce que j’espérais, c’était un traitement plus profond de la folie, de l’usure, de la mécanique d’apprentissage dans la souf, dans l’absurde répétition. Et à ce niveau, le récit reste très en surface. On effleure à peine les aspects psychologiques, alors que le concept s’y prêtait tellement.
On sent que c’est calibré, contenu, presque trop propre.
Je comprends pourquoi il a marqué son année! Visuellement, c’est une claque, et l’enchaînement narratif est prenant. Mais je comprends aussi pourquoi on l’a si vite oublié. Parce qu’en dehors de cette belle exécution, il ne reste pas grand-chose de marquant ou de profondément original. Le concept avait déjà été vu ailleurs (et depuis, il l’a été cent fois encore), et All You Need Is Kill n’apporte pas vraiment de lecture nouvelle ou de propos qui résonne après coup.
Et c’est peut-être ce que je retiens au final. Un manga solide, mais un peu timide. Il ne prend pas de risques, mais il s’arrête à temps. Et ça, c’est sans doute sa plus grande qualité. Il n’a pas cherché à étirer l’idée, ni à diluer son intensité. C’est carré, ça s’enchaîne bien, et la lecture est agréable. Mais je n’en garde pas une trace impérissable. Juste une bonne petite histoire d'action, sans plus.
Alors oui, je l’ai apprécié. C’est court, bien mené, et ça reste une bonne lecture à conseiller à quelqu’un qui veut découvrir un manga de SF nerveux en un seul volume. Mais dans le fond, c’est un feu de paille. Une bonne idée qui ne s’attarde pas trop, parce qu’elle sait qu’en faire plus… aurait probablement révélé ses faiblesses.