Tendre fantôme

Alisik est une adorable jeune fille. Pâle, de grands yeux et une bouche en cerise, elle a tout de même une particularité. Elle est morte ! Alisik se réveille dans un cimetière, entourée de gentils fantômes qui sont là depuis parfois très longtemps. Elle ne sait plus qui elle est et ignore comment fonctionne l’au-delà. Et, comme toutes les adolescentes, elle craque pour les garçons, en particulier ce jeune aveugle qui promène son chien et qui semble étrangement la percevoir…


Cette critique couvre la série des 4 tomes.


Hubertus Rufledt et Helge Vogt sont allemands. Le premier s’est essayé à l’écriture, le second est un illustrateur professionnel. Tous deux se sont rencontrés en travaillant chez Disney et ont eu l’idée de cette adorable bande dessinée.


Car c’est ce qui frappe dès les premières pages. Alisik est une bande dessinée, certes gothique, mais surtout tendre. Son héroïne considère sa situation avec une curiosité mêlée de nostalgie, s’adapte comme elle peut et apporte toute sa douceur. Dès lors, son entourage fond devant son charme juvénile, et même les méchants sont plus ridicules que dangereux. Enfin, la vision de la mort est à des années-lumière du manichéisme des religions traditionnelles et s’approche étonnamment de la spiritualité moderne. Une telle clairvoyance est remarquable et assez courante chez les artistes.


Le dessin enfantin correspond à la tendresse de l’histoire et mise sur ses contrastes, notamment les jeux de lumière numérique, pour gagner en qualité. Les aplats de couleurs définissent des ambiances précises et donnent parfois des cases quasiment monochromes. L’atmosphère est très travaillée avec des détails de décoration à la Tim Burton, la perversion en moins. Toutefois, la peluche — lapin tristounette et rapiécée, le regard peiné de l’héroïne ou la gravité de Ruben nous rappellent que cette histoire est censée être triste. Il s’agit d’un drame absurde, d’un coup du destin qui, même s’il s’avère ironique à la fin, illustre combien la mort peut frapper aveuglément et souvent injustement.

Alisik est comme une boîte de chocolats. Cette œuvre est douce, chaleureuse et rassurante. Il convient de la garder précieusement dans un placard en prévision de l’hiver.

7
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le 14 févr. 2025

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OeilDePatrick

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