Quand les débuts de Franquin ressemblent à une répétition générale pour un spectacle

Avec 4 aventures de Spirou et Fantasio (1953), André Franquin pose les premières pierres d’un édifice qui deviendra légendaire. Mais ici, le génie de Franquin tâtonne encore un peu, comme si Spirou et Fantasio apprenaient à marcher dans un univers où l’aventure côtoie le burlesque… et parfois l’absurde. Ce premier tome est une sorte de menu dégustation, où chaque histoire explore un ton différent, mais sans encore atteindre la pleine maturité de la série.


Le recueil se compose de quatre histoires distinctes : Spirou et les plans du robot, Spirou sur le ring, Spirou fait du cinéma, et Les Maisons préfabriquées. Chaque récit a son charme, mais aussi ses faiblesses, comme si Franquin cherchait encore la recette parfaite entre humour, intrigue, et action.


Dans Spirou et les plans du robot, on sent déjà les prémices de l’amour de Franquin pour les gadgets et les situations rocambolesques. Mais le rythme est parfois bancal, et le dénouement arrive un peu trop vite, laissant un goût d’inachevé. Spirou sur le ring, quant à elle, mise tout sur l’humour physique, avec des bagarres de boxe dignes d’un cartoon. Amusant, mais un peu répétitif.


Spirou fait du cinéma est probablement la plus légère des quatre, une histoire qui se veut drôle mais qui peine à captiver, tandis que Les Maisons préfabriquées se distingue par une critique sociale subtile mais un rythme qui traîne un peu.


Spirou, en tant que personnage, est encore en cours de développement. Il est dynamique, courageux, mais manque un peu de la profondeur et de l’ironie qu’il acquerra plus tard. Fantasio, quant à lui, est déjà un brin loufoque, mais son humour semble parfois forcé, comme si Franquin hésitait encore sur le dosage de sa personnalité.


Visuellement, le style de Franquin est prometteur mais pas encore abouti. Les dessins manquent parfois de finesse, et certaines cases semblent plus fonctionnelles qu’inspirées. Cependant, on perçoit déjà la créativité débordante de l’artiste dans les gadgets, les expressions des personnages, et les décors, qui laissent entrevoir le génie à venir.


Narrativement, les intrigues sont simples et linéaires, sans les rebondissements sophistiqués ou les dialogues incisifs qui feront la renommée de Franquin. Les gags, bien que présents, manquent parfois de punch, et certaines scènes s’étirent inutilement.


En résumé, 4 aventures de Spirou et Fantasio est un premier tome honnête mais encore maladroit, où Franquin explore des idées sans toujours trouver le bon équilibre. Si l’on devine déjà le potentiel de la série, ce recueil reste une œuvre de jeunesse, plus intéressante pour les fans curieux que pour les amateurs d’histoires bien ficelées. Un amuse-bouche qui manque un peu de saveur, mais qui annonce une saga délicieusement prometteuse.

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le 23 déc. 2024

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CinephageAiguise

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