Les Smiths auront été pour moi une révélation ; les saisons ent et rien chez eux ne me lasse. The Queen is dead est le premier album que j'ai écouté de ce groupe et qui m'a fait plonger dans leur univers.
L'harmonie et la structure de cet album sont particulières. Après une première chanson très contestataire, on retrouve "Frankly Mr. Shankly" qui possède toutes les rythmiques pop - oserai-je presque dire folk ? - emblématiques du groupe. Puis suivent deux chansons larmoyantes à souhait, quatre morceaux explosifs et enfin un retour à des chansons plus douces avec "There is a light" et "Some girls". Je ne saurais expliquer pourquoi cette structure fonctionne, mais je suppose que ce brave Rob de High Fidelity aurait une explication :
The making of a great compilation tape, like breaking up, is hard to do and takes ages longer than it might seem. You gotta kick off with a killer, to grab attention. Then you got to take it up a notch, but you don't wanna blow your wad, so then you got to cool it off a notch. There are a lot of rules.
Il y a plein de morceaux qui m'intriguent dans cet album. Non pas musicalement, car je ne possède pas suffisamment de compétences dans ce domaine pour les juger - outre mon goût personnel, qui me fait adorer l'ensemble de l'album - mais textuellement (c'est moche, comme mot, non ?) : chacune de ces chansons semble cryptée, renfermant dans ses paroles une sorte de secret inaccessible à l'auditeur.
Quand "The Boy with the thorn in his side" parle clairement d'homosexualité et que "Vicar in a Tutu" remet en question le regard d'autrui et nos schéma pré-conçus, deux chansons me restent irrémédiablement obscure : "Bigmouth strikes again" et "Some girls are bigger than others".
"Bigmouth" est trop obscure pour moi : menaces ? Violences domestiques ? Que vient faire Jeanne d'Arc là-dedans ? S'il y a des anglicistes vétérans qui ent par ici, je suis preneuse de toute explication.
Concernant "Some girls", j'ai eu des discussions enflammées sur le sens à donner à "bigger" : est-ce "taller", "more important", "fatter" ? Le début avec le son en crescendo/decrescendo semble impliquer une sorte d'hésitation... Au age, je ne m'explique pas la comparaison à la mère (si ce n'est par provocation, on est quand même dans un album au titre clairement post-punk). L'allusion à Antoine et Cléopâtre pourrait faire pencher la balance en faveur du "more important" voire "plus courageuse", "plus grande" au sens quasiment historique du "grand homme" (et non de l'homme grand comme dans taller) ; mais cette histoire d'oreiller ?
Bref, comme souvent les grandes œuvres, The Queen is Dead ravit les oreilles, les transporte dans des univers lointains et oniriques, et divise par l'interprétation qu'il faut en faire. Chaque auditeur perçoit différemment les textes et les morceaux, et c'est justement cette pluralité qui fait la richesse de l'album.
Merci d'avoir tenu le coup sur cette critique bien plus interrogative qu'assertive et bien peu organisée !