Qu'y avait-il à inventer dans le domaine du metal industriel en 1989 ? Encore beaucoup de chose... KMFDM démarrait doucement depuis 1984, 1988 avait vu The Land of Rape and Honey du même Ministry débouler et affoler tout le monde, Godflesh sortait discrètement un mini-album tout aussi renversant. Mais l'année suivante, ce The Mind s'impose un peu comme le manifeste du genre : corrosif, malsain et expérimental. Bien que très électronique, la musique de Ministry ne dispose que de sonorités industrielles proprement dérangeantes et douloureuses. Samples, bruits infernaux, crissements métalliques, c'est l'enfer. Et par-dessus, des beats et des lignes de basse métronomiques qui ne varient quasiment pas, sur lesquels sont assénés des riffs carnassiers et imparables. Les trois premiers titres marient cette optique avec une rapidité et une violence jusqu'au boutiste, c'est aussi jouissif qu'éprouvant. Mais c'est vraiment avec les trois titres suivants qu'on touche au génie : "Cannibal Song", la folie à l'état pur et les ultra jouissifs "Breathe" et "So What" jouent plus la carte de la lenteur et de la répétitivité, jusqu'à nous trépaner et nous lobotomiser. On échoue complètement HS sur un "Test" délirant virant au hip hop, avant de vibrer sur le magnifique épilogue "Dream Song" aux ambiances orientales. De la première à la dernière seconde, The Mind est génial et diffuse une atmosphère hors du commun, d'une noirceur immonde, dégueulassement oppressante, enchaînant les coups de génie, les riffs à mourir, les lignes de basse classieuses et les beats dingues avec une indécence révoltante.