Un gâteau avec trop de crème et trop de sucre.
Avez-vous déjà mangé un gâteau avec trop de crème et trop de sucre ?
Non ?
Et bien écoutez ce disque, vous saurez à peu près ce que c'est.
On peut en manger une part ou deux, pourvu qu'elles soient fines, mais en manger d'avantage vous écœurerait et vous risqueriez de vomir le tout sur votre pantalon et vos souliers.
Figurez-vous un vacherin aux belles couleurs vives, coupé en douze petites tranches, avec des formes joliment ciselées dans la pâte blanche, voilà Sun Structures.
Temples m'avait, je le confesse, assez enthousiasmé au début. J'écoutais avec plaisir les différents morceaux sortis dans des simples (SP) ou des étendus (EP), comme Shelter Song, Prisms, The Guesser ou The Golden Throne.
J'attendais avec impatience la venue d'un album, puis à mesure que cette éventualité se concrétisait et se confirmait, mon engouement décrût : la fadasse Colours to Life et Keep in the Dark, trop grossièrement inspirée de T. Rex, parvinrent à mes esgourdes.
Lorsque j'eus téléchargé l'ersatz de l'album en format numérique, je décidai néanmoins de l'écouter d'une traite, pour voir.
Je fis plusieurs essais, malheureusement tous infructueux : la longueur du disque, son manque de vigueur, son aspect sonore pâteux, sucré, mou, ne décollant pas, la redondance de certaines tournures, la grossièreté de certains procédés, son effet lénifiant et écœurant eurent raison de mon opiniâtreté. J'abandonnais à chaque fois, n'y tenant plus, au bord de la crise de foie, l’œil révulsé, la langue pantelante, l'estomac lesté d'une livre de plomb, la cervelle comprimée par les tempes, éructant des flopées d'air, l’œsophage débordant de mousse bouillonnante.
Impossible d'y venir à bout.
Malgré la qualité indéniable de certains morceaux, l'ensemble ne convainc pas et la profusion de chœurs et de nappes d'orgue qui bien qu'éthérées ont par l'effet de leur imparcimonieuse accumulation un aspect lourd et pesant - dans des morceaux de remplissage de quatre, cinq voire six minutes ! - polluent l'album et rendent son écoute pénible.
Tout cela serait peut-être (ce n'est pas sûr) excusable si Temples n'était pas, au fond, qu'un groupe de stylistes.
Mais quitte à écouter des groupes qui donnent dans l'exercice de style, autant se taper les plats un peu fades certes mais néanmoins légers et digestes des Allah-Las. S'il fallait comparer deux disques à deux mets, Worship the Sun serait un gaspacho un peu trop dilué et Sun Structures un gros pudding enflé de marmelade saturée de sucre et de graisse.
Vient maintenant l'inévitable question de la popularité de Temples : comment cela foutre se fait-il que Temples, en étant moins bon et original que Holy Wave, MMOSS, The Paperheads, The Sufis, The Allah-Las, The Frowning Clouds et j'en e, soit néanmoins plus reconnu ?
Et bien parce qu'ils sont anglais, c'est aussi bête que ça. Le moindre groupe de rock un tant soit peu branché, est automatiquement catapulté au pinacle par NME et ses succursales françaises (Rock & Flop ou les Inrauques par exemple) pourvu qu'il soit britannique. C'est systématique. Souvenez-vous des groupes tels que Wu Lif (je ne suis pas sûr de l'orthographe) ou The Vaccines : deux groupes merdiques assurément, mais encensés par les plumitifs thuriféraires. Alors vous pensez bien qu'un groupe médiocre, c'est pour eux une aubaine !
Voilà, Temples : pas de quoi en faire un plat, contentez-vous de petits en-cas.