Il m’a fallu du temps avant d’appuyer sur "play". Parce que Vald, ça a toujours été un artiste un peu insaisissable à mes yeux. Capable du meilleur comme du foutoir, entre fulgurances poétiques et provoc' créative.
Alors avec un nom comme Pandemonium, on pouvait s’attendre à tout, mais surtout au chaos. C’est peut-être bien ce que j’ai eu d'ailleurs. Du chaos, du vrai. Parfois stimulant. Parfois creux. Mais quelque fois tiède, comme si on été au bout d'une carrière et comme s'il commençait à ne plus savoir quoi raconter.
On est loin du Vald ultra-clownesque de Agartha, ou du mec en colère de Ce monde est cruel. Ici, il semble s’observer lui-même, un peu perdu dans le brouillard de son propre succès, à jongler entre cynisme, lucidité, et un besoin de se réinventer sans trop se trahir. Et c’est là que je suis resté un peu bloqué. Parce qu’on sent qu’il veut dire des trucs, qu’il y a du fond, mais parfois ça se dilue dans une forme un peu paresseuse ou dans des gimmicks qui alourdissent le propos et de forme simpliste.
L’album regorge de bonnes idées, de punchlines brillantes, d’instru qui claquent (mention spéciale à certaines prods vraiment fines, presque aériennes par moments). Mais il y a aussi des sons où on se demande ce qu’il a voulu faire, ou s’il n’était pas juste en train de remplir.
Et ça, c’est frustrant. Parce qu’on sait qu’il peut faire mieux. Qu’il a déjà fait mieux...
Surtout que quand on parle en interview, du meilleur album à venir... Aïe...
Je dois quand même saluer sa capacité à se mettre à nu tout en gardant une certaine posture. Il y a des morceaux où on le sent plus sincère, plus vulnérable. Moins "personnage" et plus "humain". Et ceux-là, je les ai trouvés touchants. C’est quand il essaie moins d’être "Vald" et qu’il est juste lui-même que je me suis vraiment connecté à ce qu’il racontait.
Mais c’est un album qui divise. Même en moi. Il m’est arrivé de lever les yeux au ciel à certaines phases trop faciles, et de me prendre une claque trois minutes plus tard par une idée brillante ou une ambiance parfaitement installée. C’est comme ça du début à la fin. En dents de scie, comme un vrai pandémonium?
Et peut-être que c’était le but. Peut-être qu’il voulait qu’on ressente cette confusion, ce malaise doux-amer de l’artiste qui ne sait plus trop où il en est. Le succès, le regard des autres, la surconsommation, la parano, la famille, l’argent… Tout ça est là, en filigrane. Mais ça manque parfois de direction. D’un vrai fil rouge.
Je suis content de l’avoir écouté, je l’ai même réécouté plusieurs fois, mais je sais déjà que ce n’est pas l’album de Vald que je retiendrai le plus. Il m’a fait réfléchir, il m’a parfois ému, il m’a aussi fatigué. Et peut-être que c’est déjà pas mal.