Nowhere
7.6
Nowhere

Album de Ride (1990)

Océan de noisy pop: sa beauté, ses tumultes

Après une décennie musicale marquée par un underground talentueux mais étouffée aussi par un mainstream insipide et parfois ridicule, le rock revient sur le devant de la scène au début de ces glorieuses années 1990. Mais avant l'ouragan Britpop porté par les frères Gallagher et avant l'explosion Grunge de l'autre côté de la planète avec Nirvana, il y avait Ride et ce Nowhere. Leur premier album, le premier pilier de ce sous genre du rock alternatif qu'est le Shoegaze et par la même occasion, un des chefs d’œuvres de cette décennie.


Certes, le rock revenait petit à petit en force en Angleterre, via certains groupes comme les Smiths, ou le mouvement Baggy / Madchester avec les Happy Mondays et les Stone Roses. Mais le premier était principalement pop. Quant aux seconds, il s'agissait surtout d'un hybride entre rock indépendant et house, un truc totalement bâtard et pas si proche du rock classique.


Mais Ride réussi l'exploit de rassembler à la fois la fraicheur de son époque et l'influence des grands anciens. Les mélodies sixities inspirées par les Beatles et les Byrds (écoutez moi ces superbes harmonies vocales sur "Kaleidoscope") et une nouvelle forme de psychédélisme qui doit autant aux années 60 et 70, qu'à la noise et l'indus des années 80.


Un mélange de vieux et neuf donc, qui réussit à aboutir vers quelque chose de véritablement novateur. Mais l'originalité seule ne fait pas un grand disque voire un grand groupe. Il y a aussi des grandes chansons et des musiciens avec un style. Ride possède à la fois un songwriting simple et authentique qui touche directement au cœur, mais aussi une des meilleures section rythmique du rock avec le bassiste Stephan Queralt et le batteur Loz Colbert. Ce dernier est le véritable héros de cet album dont la performance alliant à la fois puissance et finesse, ne cesse de m’impressionner (écoutez donc ses attaques martiales sur "Polar Bear" et la fin de "Paralysed").


J'ai beau essayer de mettre ma subjectivité au placard, je ne vois pas de défauts sur ce disque. Il est court, composé de 8 chansons parfaites et complémentaires entre elles et possède en plus un caractère historique indéniable.


A sa sortie, Nowhere remporte un franc succès commercial malgré quelques critiques frileuses, ne comprenant pas qu'on puisse noyer des voix et des mélodies angéliques sous un tourbillon de guitares saturées. Ride réussira à er outre ces commentaires et confirmera de manière impériale qu'ils étaient parmi les meilleurs avec leurs EPs et leur second album... Mais cela ne durera pas hélas.


Peu importe, de 1988 à 1994, Ride est absolument intouchable et fait partie des meilleures formations de cette époque rien que pour cette partie de leur carrière. Je défie quiconque de me contredire sur ce point.

10
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le 19 juil. 2015

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Seijitsu

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