A l'instar d’Ulysse durant son interminable voyage de retour, Juliette nous invite à accoster en de multiples rivages. Circé mélomane, cette artiste singulière emporte l'auditeur dans diverses atmosphères singulièrement envoûtantes.
Entre une salsa assassine et un duel matrimonial plus jazzy, les notes créent des ambiances musicales extrêmement changeantes, parures sonores pour des textes finement ciselés comme à l'accoutumée chez cette formidable auteure et interprète de talent.
Ses mots sont en effet les plénipotentiaires des idées et émotions qu'elle souhaite porter en direction de ses auditeurs.
Depuis l'intimité bourgeoise oppressante évoquée dans le tintinnabulant Maudite clochette ! jusqu'à l'apocalypse suggestive que représente Il s'est é quelque chose, l'artiste navigue avec brio entre duo amnésico épistolaire (Une lettre oubliée) et duel matrimonial (Mémère dans les orties). Ce dernier morceau s’avérant particulièrement savoureux tant les voix de Juliette et François Morel se conjuguent à merveille, leurs humours respectifs respirant la fraternité.
L'artiste inspirée termine alors cet album dans un paroxysme de bravoure avec cette évocation héroïque de personnages issus de jeux de rôles médiévaux fantastiques (fantaisie héroïque) dont le point d'orgue apparaît tel un joli pied de nez aux geek de bureau.
Mutantis mutandis révèle, à l'issue de l'écoute de cet album, la justesse de son choix de titre tant les métamorphoses se font fréquentes entre les morceaux successifs. La magie de Circé-Juliette nous ensorcelle encore une fois...