Plus de trois ans sans album, c'est long...très long mais ce troisième opus est enfin là, Florence et sa machine sont de retour avec un album très attendu par tous.
Avec ses nombreux producteurs dont Markus Dravs, le directeur artistique de Björk, le groupe a su créer un univers sonore d’une rare beauté, adéquat à mettre en valeur la sublime voix de Florence Welch. How Big, How Blue, How Beautiful plonge l'auditeur dans les profondeurs aquatiques les plus sombres et sublimes des idées tourmentées et fragiles de la belle rousse. En effet, Florence nous chante le point de vue de quelqu'un convaincu que la rupture amoureuse est la chose la plus dévastatrice qui soit comme nous le montre le titre d'ouverture Ship to Werck: "What was it that I said?/ I can't help but pull the earth around me to make my bed".
Avec le lyrisme qu’on lui connait ainsi qu’une maturité nouvelle, elle aborde donc l'un des sujets les plus vieux du monde : la ion amoureuse. Le tout avec un romantisme rare accompagné par une certaine puissance. Delilah en est le parfait exemple, véritable carnage psychique épique du à l'attente d'un appel téléphonique d'un petit ami.
En amante tourmentée, elle questionne également la place et la condition de la femme dans la relation amoureuse aujourd’hui. Minutieuse, ionnée et ionnante, elle explore la question sous toutes ses coutures avec une maitrise stupéfiante. Dans la vidéo du single What Kind of Man, d'une fougue contagieuse, Florence est tour à tour femme indépendante ou au foyer; amante ou aimée, femme désirée ou objet du désir des hommes. Ses mouvements rock vibrants aux riffs de la guitare de Robert Ackroyd permettent d'apporter une certaine violence à ses propos.
Les ages plus calmes ne manquent pas de beauté inspirée: St Jude est un petit bijou de douceur, le tempo y est lent, le chant presque murmuré, ensorcelant, délicat tout comme les notes de synthés. Long & Lost est un exemple remarquable de mélange soul accompagné de guitares scintillantes sur une percussion presque lointaine, tout comme Various Storms & Saints et Caught qui confirment son penchant pour les chœurs harmoniques, qui ont été largement utilisé dans Ceremonials.
Tout au long de l'album, la jeune femme semble s'ôter le poids de sa relation tumultueuse qui nourrit la majeure partie de ces chansons. L’apaisement baigne justement dans le titre éponyme mais aussi dans Third Eye. Ce troisième œil rassure avec une voix de plus en plus claire et haute à mesure que les accords optimistes s'enchaînent. La chanteuse y mentionne d'ailleurs une bouée de sauvetage pour ceux qui s’enlisent dans le vaste d’océan de la vie sentimentale. Cet optimisme tranche avec les paroles du sublime Queen of Peace, futur hymne du groupe:
Oh, the queen of peace
Always does her best to please
Is it any use?
Somebody's gotta lose
Mother clôt l'album en offrant une composition puissante et nous fait prendre conscience que Florence + The Machine a réussi à nous transporter dans tous les recoins de l'amour et ses soufs en onze chansons à grand renfort de notes de piano, guitares, basses, violons, saxophones savamment distillées.
Cet album nous rappelle donc que la force du groupe réside dans sa capacité à mêler de façon brillante différents instruments, la fraîcheur et la finesse de la musique classique avec une voix digne de celle d’une cantatrice d’opéra. Merci à ce groupe d'exister.