En v'la du lourd, en v'la! Et c'est du bon, croyez-moi!

Le 1er album de metal extrême en tête des charts ! Oui, cet album tient bien de l’exploit, inégalé jusqu’à aujourd’hui, car à sa sortie en 1994, il est arrivé en tête des classements américains alors qu’il ne fait aucune concession à l’auditeur/auditrice. On parle bien ici de thrash metal très violent, pas de jolie ballade à la Scorpions pour séduire les radios FM et les télés ! Les musiciens puisent leur inspiration aussi bien dans le thrash metal de Metallica et Slayer que dans le heavy metal de Black Sabbath dont ils reprennent d’ailleurs en conclusion Planet Caravan (nous y reviendrons). Pantera pour son 7e album n’a surtout pas mis d’eau dans son vin (quelle infamie !), il reste d’une puissance voire d’une violence rares. Et ça commence dès la pochette qui vaudra au groupe quelques tensions avec sa maison de disques. Pantera aurait voulu une pochette encore plus explicite (cette dernière figure dans l’édition anniversaire de 2014) mais face au refus catégorique de leur maison de disques, effrayée à l’idée des conséquences sur les ventes, ils en adoptent une autre, qui avouons-le, ne fait pas non plus dans la légèreté : une perceuse entrant dans le front d’un crâne humain ! En tout cas, bien à l’image de la musique, ça envoie d’entrée avec une violence percutante et le soufflé ne retombe vraiment qu’avec le dernier morceau, la reprise de Black Sabbath et c’est un peu une surprise. Non qu’ils reprennent Sabbath mais ce morceau-là, tiré de Paranoid, en particulier qui est plus calme que le reste. Pantera savait que cette conclusion pourtant parfaitement réussie, allait susciter des grincements de dents et ils s’en expliquent dans les notes de pochette : aucune raison de s’inquiéter, ce n’était pas une nouvelle direction musicale du groupe, qu’ils l’ont faite car ce morceau leur plaît et que si ce n’est pas votre cas, eh bien ne l’écoutez pas et sautez ce titre !!! Après tout, au bout de pratiquement une heure d’assaut sonore assez terrifiant, ce morceau est bienvenu pour atterrir un peu plus en douceur. Pour le reste, il vaut mieux avoir sa ceinture bien attachée car c’est un déferlement continu, n’attendez pas le moindre tour de chauffe qui permettrait de se préparer: la voix de Anselmo hurlant comme un possédé qu’on serait en train d’étriper, mais capable aussi de subtilité sur Planet Caravan, est toujours aussi impressionnante, une rythmique infaillible et des riffs assassins de guitares de "Dimebag" Darrell qui vous vrillent la tête (à l’image de la pochette). Le tout est un régal mais pour oreilles grandes ouvertes (et préparées à une telle furie) bien entendu ! Dans toute cette tornade, mon morceau préféré est sans doute I’m Broken, un aveu lucide de l’état d’Anselmo à ce moment-là qui souffrait de fortes douleurs dans le dos et qui s’est retrouvé à prendre de plus en plus d'analgésiques et de relaxants musculaires, accompagnés d’alcool et drogue pour soulager la douleur. Le résultat ? Un cercle sans fin, la douleur accentuant la douleur…D’où ce morceau terrifiant, presque un appel à l’aide d’un homme partant à la dérive. C’est ainsi tout du long, Slaughtered, 25 Years, Use Your Third Arm (celle-ci décape particulièrement) et Throes Of Rejection et son démarrage tribal ne sont pas là pour faire dans la demi-mesure. Cet album est considéré à juste titre comme un des sommets du thrash metal et pour une unique fois, le grand public lui a fait un triomphe, ce qui est assez ahurissant quand on l’écoute. On peut toujours discuter pour savoir si c’est bien le meilleur album de Pantera, les fans ne s’en privent pas d’ailleurs, il n’en reste pas moins que cet album sans aucune concession et d’une sincérité absolue a eu une influence profonde sur pas mal de groupes de metal américains et même européens. Un must pour oreilles averties.