Definitely Maybe
7.2
Definitely Maybe

Album de Oasis (1994)

Une déflagration ...sans la moindre nuance

Je me rappelle encore des premières fois où le groupe était é à la radio ; chaque diffusion d'un nouveau morceau de Definitely Maybe (et plus encore de son successeur What the story ?morning glory) provoquait systématiquement le buzz avec une approbation générale (aucune différence selon les tranches d'âge, le genre ou la classe sociale) assez étonnante.


En 1994/1995 tout le monde aimait Oasis et le très sérieux "Times" comparait le groupe aux Beatles.


Rétrospectivement, la hype de l'époque me paraît assez justifiée ; évidemment qu'on n'en a un peu trop fait sur le groupe au milieu des années 90 mais pas sans fondement et pas sur la base de rien ou d'à moitié rien.


Réécouter Definitely Maybe en 2025 conduit inévitablement à ce constat : combien de groupes on réussit depuis (trente ans quand même) à sortir un album consensuel, populaire de ce niveau ?


Poser la question c'est y répondre.


Ce qu'avait apporté cet album, c'était surtout un nouveau son ; il m'a fallu des années pour comprendre pourquoi le son de cet album et par extension celui du groupe était si unique et si difficile à reproduire (je parle d'essayer chez soi ou en groupe avec une guitare électrique et un ampli de retrouver quelque chose qui se rapprocherait du son du groupe).


Les pièces du puzzle étaient les suivantes :


1- Noël Gallagher jouait sur une simple Epiphone autrement dit une sous-marque de Gibson tout à fait abordable (+/- 3 fois moins cher qu'une Gibson originale). Première pièce du puzzle : le secret n'est sûrement pas la guitare très commune et même milieu voire bas de gamme.


2- Un documentaire sur les débuts du groupe commentait les difficultés pour retrouver le son du groupe sur CD et donc en studio ; le retour des proches du groupe était : "il faudrait retrouver le son que vous avez en live - les demos studios c'est pas votre son".


3- Le clip de "Do you know what I mean" (premier single du troisième album du groupe) qui montre clairement pendant des 2 premières minutes du clip le matos du groupe... Et quel matos : pas mois de deux ampli par guitariste (très probablement alimenter via un switcher ou une A/B box) pour pas moins de 4 murs d'enceintes. Sachant que chaque mur d'enceinte c'est 4 Haut-parleurs de 12 pouces ça fait 16 Hauts-parleurs par guitariste et Oasis c'est deux guitaristes simultanément. Conclusion : un morceau d'Oasis (niveau guitare) c'est des riff/solos amplifiés par 4 têtes d'ampli à lampes 100 watts pour 32 hauts-parleurs de 12 pouces.


La synthèse du puzzle est simple : pour avoir un son, une signature sonore atypique et plutôt que de miser sur une (très) bonne guitare et un seul très bon ampli (exemple : Santana c'est un seul ampli - Mesa/boogie Mark I - avec un seul HP de 12 pouces), Noël Gallagher a tout investi dans les enceintes (en quantité) et dans les amplis (en bi-amplification c'est à dire utiliser deux amplis cumulativement pour amplifier une seule et même guitare).


C'est la quantité plutôt que la qualité....Et ça fonctionne dans une certaine mesure.


On a un son très dense, très live façon stade de foot (en propre sans souffle ou larsen puisque c'est du studio) mais aussi un son très imprécis qui ne retranscrit aucune nuance (en terme technique il faudrait parler d'un manque de "dynamique") c'est un mur de son avec énormément de présence (les anglo-saxons disent headroom) mais aucune nuance.


Une fois qu'on a compris le parti pris du groupe, l'écoute de l'album devient plus claire ; les morceaux, les compositions de l'album, sont conditionnés par le choix de Noël Gallagher d'avoir un matériel conçu pour les grandes salles, les stades. Les mélodies sont donc simples (voire simplistes) et efficaces sans aucune recherche de complexité ou de nuance (difficile d'entendre la subtilité d'une attaque de corde avec une double amplification 2X100 watts pour 16 hauts-parleurs simultanés par guitariste).


Le choix du groupe est à mi-chemin entre de l'esbrouffe et du génie ; d'un côté, on a de pauvres accords très simples sans aucune nuance où jamais le touché du guitariste ne s'entend et de l'autre, un mur du son (particulièrement sur Supersonic) hyper-efficace et qui n'a jamais été reproduit comme tel (à ma connaissance).


Reste que même avec ce son multi-amplifié qui peut finir par être assourdissant/lourdingue, Oasis parvient quand même à glisser quelques titres inspirés, je pense notamment à "Live forever" ou encore à l'introduction de "Slide away".


D'une manière générale, la qualité des compositions (bien que toutes assez simplistes) est à la hauteur de sorte que même si les titres sont assez convenus / prévisibles (Rock n'roll star - up in the sky), ils n'en demeurent pas moins efficaces.


En synthèse : dans les années 90 et avec quatre murs d'enceintes on pouvait devenir une rock star sans être un grand guitariste

7
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le 11 avr. 2025

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Barack-Palin

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