Aussi indigeste qu’un quintal de churros à l’aïoli.
Par Johann Trümmel
“Il n’y a rien de plus facile que d’épater le bourgeois”, pavoisait Gaspar Noé, quand on lui demandait si le plan intravaginal d’une bite qui éjacule dans l’objectif de la caméra, dans Enter the Void, était « vraiment nécessaire ». Non, bien sûr, ce plan m’était pas nécessaire, mais il était bien pratique : à coup sûr, les mots « excès » et « mauvais goût » viennent à l’esprit – et c’est tout ce que voulait Noé : choquer.
Ben Frost joue la même carte que Noé. Il le dit lui-même, d’ailleurs, dans une interview accordée au Quietus. Qu’est-ce qui compte le plus pour lui ? « Le coup de pied au cul émotionnel », et rien d’autre. Ce qui veut évidemment dire : le coup de pied au cul qui choque. L’australien Ben Frost, Islandais d’adoption, veut épater le bourgeois lui aussi, en livrant une sorte de horrorcore drone et muet. Sa recette ? Samples de grognements de fauves (By The Throat, Black Marrow), épaisses couches drones ultra dark, jump scares sonores – ces saillies ultra bruyantes, fonctionnant comme des jack in the box ou comme les boogeymen qui hantaient la vidéothèque locale.
Tout cela est facile, voire neuneu. Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas efficace, comme l’était Irréversible. Et puis les précédents albums de Frost jouaient tout de même habilement sur les contrastes, et l’amplitude sonore était vraiment ahurissante, entre les plages ambiantes de piano préparé et les saillies de claviers ultra agressifs.
Sur le papier, A U R O R A s’annonce très prometteur : Frost y convie Greg Fox (ex Lithurgy), Shahzad Ismaily (Secret Chiefs 3) et Thor Harris, l’Héphaïstos des Swans, tape ici encore sur ses percussions tubulaires. On s’attend à un déluge rythmique à faire trembler la lithosphère, et on n’est pas déçu. Rythmiquement, le disque est un festin. La variété des percussions, et de leur traitement, est un vrai régal.(...)
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