666.667 Club
7.6
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Album de Noir Désir (1996)

Disque de fin de siècle

En 1996, la vague de Tostaky était ée mais pouvait encore résonner vivement entre les oreilles, et cela même bien après parce qu'il est sans doute l'un des meilleurs disques d'un rock rageur et triomphant. Dans la même année, l'automne approchant, un premier extrait, "Fin De Siècle", gravé sur un CD de promotion d'un journal devenu moins musical depuis longtemps aujourd'hui, donna le signal de la sortie prochaine du nouvel album du groupe bordelais. Entretemps, en fin de l'année 1995, Noir Désir communiqua le départ du bassiste, Fred Vidalenc, qui mit les voiles à l'amiable, remplacé alors par un roadie du groupe, Jean-Paul Roy. Au tout début de l'année suivante, le guitariste, Serge Teyssot-Gay, sortit son premier album en solitaire et convaincant, Silence Radio.




Et puis 666.667 Club sortit enfin remplir les bacs, attendu qu'il était, trop attendu peut-être. Un album qui ne fut pas autant écouté que le précédent, un album dont je n'ai jamais été particulièrement fana après réflexion et qui fut accueilli par un contentement faux pour ne pas fissurer le sacrement d'un groupe considéré irréprochable. Un pote de l'époque, qui aimait beaucoup Noir Désir, avait été déçu de l'album et du concert du groupe qui avait gagné une certaine respectabilité ressentie aux Eurockéennes de Belfort en 1997, une déception que je ne lui reprocherai jamais de cette soirée sponsorisée par Coca Cola contraignant entretemps Cantat à faire de la publicité ; un vrai rebelle qui engagea sur le titre "The Holy Economic War" ! Nous avions décidé de nous barrer, pendant un long et pénible "Lazy" que nous entendions encore après que nous étions sortis du site, boueux cette année-là, de Malsaucy.


Qu'en est-t-il aujourd'hui de ce disque ? Qu'il est toujours inégal, qu'il est tantôt bien et qu'il est tantôt chiant, ... surtout chiant. Les trois premiers titres, l'orientalisant "666.667 Club", "Fin De Siècle" et "Un Jour En " sont pas mal. Mais Denis Barthe, bien que le gars soit sympathique, tape souvent les mêmes rythmiques "pam pam pada tchac", flagrant pour les deux premiers titres ou plus loin dans "Prayer For A Wanker", rythmiques déjà entendues dans d'autres titres sur le fameux Tostaky. La marque rythmique du Nini, qui n'évolue pas vraiment au point de ne remarquer plus que ça.


Dans l'ensemble, cependant, il est clair que Noir Désir voulait éviter de faire un Tostaky bis, ce qui était honorable et bien compréhensible. Mais pitié, "Les Persiennes" est irritant avec son saxophone au son crispant (similarité que j'aimais pourtant en écoutant le deuxième album du duo angevin, Hint ; cherchez la cohérence !). "Ernestine" n'est qu'une sœur cadette de "Lolita Nie En Bloc" malgré le subterfuge du violon tzigane l'accompagnant. Quant aux textes de Bertrand Cantat, ils n'ont pas fait baisser l'influence d'un parti politique contre lequel il luttait et lutte toujours, poète bien inspiré ou poète de mes couilles qu'il est, chanteur fascinant autant qu'agaçant vu l'importance qu'il semblait prendre à l'époque, rendant transi une partie du public acquise à sa cause.


Ah, "L'Homme Pressé" e ! Chanson toujours d'actualité. "Lazy" arrive après : celui-là, je le zappe. Je saute aussi "À La Longue" pour aborder "Septembre En Attendant". Un dernier hommage non crédité à Jeffrey Lee Pierce et le disque s'arrête.


Mon avis sur 666.667 Club reste le même : considéré comme l'album le moins bon de Noir Désir, avec un rendu sonore en deça de celui de Tostaky malgré la présence de Ted Niceley à la production encore. Et que l'on ne vienne pas m'emmerder avec les textes de Cantat-chantant-les-yeux-fermés-qui-met-des-fans-en-fièvre-émotive. J'ai le droit de ne pas toujours aimer !


Le disque suivant, musicalement, aura le mérite de dérouter.


critique remodifiée le 8 avril 2025



5
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le 21 sept. 2017

Modifiée

le 8 avr. 2025

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MonsieurScalp

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