Note et critique pour l'ensemble du premier cycle : tomes 1 à 6
Cycle de fantasy parmi les plus célèbres, L’Assassin Royal a signé pour moi la découverte d’un style plus adulte il y a maintenant plusieurs années. Jusqu’alors enfermé dans une littérature de jeunesse qui commençait à tourner en rond, la série de Robin Hobb est la première à m’avoir dévoilé la facette plus mature du genre. Et c’est là sa grande force, L’Assassin Royal combine un monde magique aux allures moyenâgeuses typique de la fantasy, ce genre de monde que mon esprit rêveur ne cessera de rechercher, avec une intrigue et des personnages plus sombres et torturés, rendant l’œuvre crédible et attrayante. J’aime L’Assassin Royal plus que de raison, et je m’en vais vous expliquer pourquoi en quelques points.
Quand je dis que j’aime L’Assassin Royal, je parle bien évidemment de l’œuvre, mais pas uniquement, car l’assassin en question c’est aussi le héros, FitzChevalerie Loinvoyant. À travers son point de vue relaté à la première personne, Fitz est le personnage central de la saga grâce auquel toute l’histoire nous sera racontée. Il s’agit du bâtard de l’héritier légitime du trône des Six-Duchés et l’annonce de son existence bouleversera bientôt ce petit monde. Pourtant Fitz n’est qu’un enfant lorsque tout commence et la situation lui échappe. La situation nous échappe. Oui, « nous » car le lecteur n’aura d’autre choix que de s’identifier à ce petit bonhomme qui changera bientôt la face du monde, et c’est un des points forts du livre. Comme vous et moi, Fitz n’est qu’un homme avec ses forces et ses faiblesses, parfois stupide, parfois attachant, qui subit le monde qui l’entoure, et ce personnage auquel le lecteur pourra facilement s’identifier, sera la clef qui lui permettra de plonger dans le récit.
Robin Hobb aime ses personnages et ça se sent. Si je vous parle de Fitz, c’est parce qu’il est détaillé et que l’on a accès à ses pensées, mais il ne faut pas comprendre par là que ce n’est pas le cas des autres protagonistes. En effet, tous sont le fruit d’un formidable travail. Chacun possède une psychologie qui lui est propre, l’auteur parvenant ainsi à leur insuffler une personnalité, une âme. Certains sont emprunts de mystère, d’autres de sagesse alors que d’autres encore ne nous inspireront que crainte et antipathie. Et bien que la narration choisie ne nous permette pas (à dessein !) d’appréhender les ambitions de chacun, ils n’en sont pas pour autant dénués, et participent ainsi à l’élaboration d’un monde cohérent. Leurs émotions, leurs relations, leurs réactions, chez Robin Hobb, les personnages font l’histoire et pas l’inverse, et ça, ça me plait !
Pourtant ce premier cycle de L’AR ne se limite pas à ses protagonistes. Le mentionner sans parler de son univers et de son intrigue serait une erreur, car les deux profitent également d’un développement riche. Derrière une apparence très terre-à-terre, le monde des Six-Duchés cache une dimension fantastique discrète qui ne se dévoilera que progressivement. On découvrira entre autre l’Art, le Vif, et bien d’autres choses qu’il vaut mieux vous laisser découvrir par vous-même. Quant à l’histoire, elle n’est pas en reste non plus puisqu’elle mêle plusieurs intrigues bien équilibrées dans le récit.
Enfin, après avoir débattu sur le fond, difficile de ne pas parler de la forme de ce roman, simplement parfaite. Est-ce le style de Robin Hobb, ou la qualité de la traduction, à moins que ce ne soit les deux ? Toujours est-il que L’AR est d’une fluidité qui n’a pas d’égal dans tout ce que j’ai pu lire jusqu’à aujourd’hui. Pas une répétition, pas une coquille, une écriture simple et efficace, sans fioritures et qui ne se répand pas en formules alambiquées. C’est agréable de ne pas tiquer sans arrêt sur des expressions étranges, sur des erreurs de traduction ou d’édition. Robin Hobb demeure l’auteur que j’ai pris le plus de plaisir à lire jusque là avec son style agréable et pertinent.
Vous l’aurez compris, L’AR est une des séries les plus marquantes qu’il m’ait été donné de lire. À mi-chemin entre high et dark fantasy, la saga trouve le juste milieu entre un monde emprunt de magie et une intrigue plus sombre et complexe. En se démarquant notamment par ses personnages hauts en couleur, il s’agit d’un cycle réussi que je ne pourrais que conseiller à tous les amateurs du genre !