Serendipity le bien nommé

Livre final de la trilogie Takeshi Kovacs de Richard Morgan, Woken Furies raconte l'errance de Kovacs, de retour sur son monde natal, et comment il se retrouve mêlé au retour d’une révolutionnaire de légende morte trois siècles auparavant. Encore une fois, Morgan ne raconte pas la suite directe de Altered Carbon.


Durant tout le premier tiers du libre, Kovacs —sous le nom Mickey Serendipity (sic)— se retrouve balloté par les événements, sans but précis. Tous les enchainements de situations sont purement fortuits, même s’il y a une tentative plutôt malhabile de lier l’ensemble plus tard. D’où une sensation persistante de flottement dans l’histoire. Puis arrive enfin un objectif défini : libérer Nadia Makita. Mais le « run » est finalement peu intéressant, et après sa résolution, l’histoire, une nouvelle fois, repart à la dérive. La conclusion est un peu en eau de boudin, avec un deux ex machina qui sort de nulle part et qui potentiellement révolutionne l’univers… Sauf que bon, comme pour Broken Angels, ce ne sera pas exploré, vu que c’est le dernier livre —même si Morgan a annoncé que la série Netflix lui redonnait envie de reprendre—.


On ajoutera à ça certains personnages pas si bien écrits et peu crédibles. Une communauté de surfeurs révolutionnaires un peu clichée, une Quellcrist Falconer plate, une Virginia Vidaura complètement banale, un jeune Takeshi Kovacs pas vraiment étoffé et enfin un vieux Takeshi Kovacs aux traumatismes et opinions à géométrie variable.


Dans les points positifs, Morgan explore enfin un peu plus son idée centrale de pile cérébrale : deux esprits pour un corps et à l’inverse deux corps pour un esprit, entre autres. Il pousse également sa réflexion sur le monde virtuel et les possibilités qu’il offre.


J’ai écouté l’audiolivre en anglais, lu par William Dufris —qui a remplacé Todd McLaren—. Dufris est un bon acteur, même si sa narration fait plus condescendante que désabusée. Mais mon dieu, Orion Publishing Group a complètement raté son bouquin. D’abord, personne n’a dit à Dufris que Kovacs se prononce “Kovatch” ! Alors même que l’auteur insiste dessus dans le premier livre. Et ensuite, ils ont cru bon d’ajouter des effets aux voix. C’est parfois réussi, comme au téléphone, mais dans les flashbacks il y a un écho ignoble qui donne l’impression que Dufris lit dans sa salle de bain. L’audiolivre est définitivement à fuir.


Bref, Woken Furies est la conclusion décevante d’un univers prometteur mais qui n’a jamais été suffisamment bien exploité. N’étant que très vaguement lié au reste de la trilogie, sa lecture est loin d’être incontournable.

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le 4 oct. 2018

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Bastral

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